Qu’est-ce que le biographique ?
Les facettes du biographique sont multiples, afin d'éclaircir ce champ littéraire, voici quelques extraits tirés d'ouvrages parascolaires :
Le biographique, Annie Oliver, collection Profil, éditions Hatier, 2001
L'Autobiographie, Priscille Michel, collection Oeuvres & thèmes, éditions Hatier, 2003 (et son dossier pédagogique)
Fiches de révision, Français Brevet 3e, Thomas Gargallo, éditions Bordas, 2012
De manière générale :
Le biographique désigne aujourd’hui l’ensemble des textes racontant la vie d’une personne ayant existé. (Oliver, p. 8)
Le mot "biographie" vient du grec bio, vie et graphein, écrire, et signifie donc littéralement : écriture d’une vie. (Oliver, p. 92)
“Le terme de ”biographie" relève plus d'une convention qu'il ne désigne un genre bien défini." (Oliver, p. 93)
Différents types de biographies
L'article de dictionnaire biographique : bref résumé de la vie d'une personne célèbre, dates et oeuvres à l'appui. (Lejeune, Oliver, p. 93)
La monographie de circonstance : il s'agit souvent d'éloges funèbres ou liés à une circonstance particulière ; comme les précédents, ces textes sont brefs (articles presse écrite). (Lejeune, Oliver, p. 93)
La biographie littéraire ou scientifique : ces ouvrages plus importants, ont une prétention narrative et une visée historique ; ils font appel à une documentation sérieuse. (Lejeune, Oliver, p. 93)
La "biographie pure" : le narrateur n'a pas connu son modèle et vise à donner une image complète de son existence à partir de documents ou de témoignages. (Lejeune, Oliver, p. 93)
Le témoignage avec prétention à la biographie : dans ce cas, le narrateur a connu - ou connaît - son modèle ; tout en fournissant un témoignage qui pourra être utilisé par un futur biographe, il tente aussi, à l'aide des documents qu'il possède, comme par exemple une correspondance, de construire une biographie. (Lejeune, Oliver, p. 93-94)
Le témoignage pur : le narrateur connaît son modèle, a partagé ou connu personnellement des moments de sa vie : ce sont en général les enfants, amis ou compagnons. (Lejeune, Oliver, p. 94)
L'hagiographie : le terme d'"hagiographie" n'apparaîtra que vers 1500 et désigne d'abord les biographies de saints, puis, dans un sens élargi, une biographie extrêmement louangeuse. (Oliver, p. 9)
Note : (Lejeune, Oliver, p. 93) signifie selon Philippe Lejeune dans Je est un autre (Seuil) rapporté par Annie Oliver.
L'autobiographie
Le thème de l'autobiographie fait partie du programme de français en classe de 3ème.
Différence entre biographie et autobiographie :
La biographie “reconstitue-restitue une vie en amassant des documents" ;
l'autobiographie “se fonde sur un travail de remémoration”. (Oliver, p. 12)
L'autobiographie
Étymologiquement, le terme "autobiographie" (auto : soi-même ; bio : vie ; graphie : écriture) désigne le récit écrit que fait une personne de sa vie. (Oliver, p. 54)
Principe fondateur du genre : l'autobiographie repose sur l'identité entre l'auteur (personne réelle), le narrateur (celui qui a en charge l'écriture du récit) et le personnage principal. (Michel, p. 4)
Quand l'écrit devient le moyen de raconter ses propres expériences, on parle d'écriture de soi. Elle comprend plusieurs genres, dont l'autobiographie. (Gargallo, p. 115)
Dans l'autobiographie, l'auteur raconte après coup les événements, même infimes, qui ont marqué sa vie. C'est donc un récit introspectif et rétrospectif : l'introspection est l'observation de sa vie intérieure et intime ; la rétrospoection est un regard “en arrière”, sur des faits passés. (Gargallo, p. 115)
Contrat avec le lecteur
Un pacte autobiographique est engagé auprès du lecteur : l'auteur s'engage à être sincère et à s'approcher le plus possible de la vérité, tandis que le lecteur s'engage à le croire. (Gargallo, p. 115)
L'autobiographie au sens strict du terme, est fondée sur un contrat d'authenticité et de vérité : l'auteur (autobiographe) rapporte à la première personne les événements de sa vie passée qu'il présente comme authentiques. Il peut le faire de façon explicite, en présentant ouvertement son projet et en nouant une sorte de pacte avec son lecteur. Il peut le faire aussi de façon implicite : c'est alors le hors-texte (nom de l'auteur, titre de l'ouvrage, préface, dédicace…) et les premières lignes de l'ouvrage (qui font souvent mention de naissance de l'autobiographe et de son nom) qui assurent le lecteur de l'adéquation entre les faits racontés et la réalité vécue. (Michel, p. 4)
Buts et enjeux
Les buts en sont divers : laisser un témoignage sur un événement important, lutter contre l'oubli, se libérer d'un poids pénible, mieux se connaître soi-même, se justifier, défendre un point de vue, etc. (Gargallo, p. 115)
Les motivations à parler de soi sont diverses. A titre d'exemples, on peut écrire son autobiographie :
- pour se justifier auprès des autres hommes ou démentir des propos jugés mensongers (…)
- pour laisser un témoignage de sa vie, intime et historique (…)
- pour chercher à apaiser une souffrance, exorciser ses peines et les mettre à distance par l'écriture (…)
- pour témoigner d'une expérience vécue, afin d'éviter qu'elle ne s'efface (…)
Dans l'ensemble des cas, on écrit son autobiographie pour outre-passer sa condition humaine en acquérant l'immortalité par le biais de l'écriture. (Michel, p. 5)
Limites
Peut-on parler de soi avec objectivité ? (…) L'autobiographe est-il toujours sincère ? (…) Se souvient-on suffisamment des événements passés ? (…) Ces questions ne peuvent trouver de réponse : il convient d'admettre que toute autobiographie est une recomposition esthétique d'un passé ressuscité par le travail de l'écriture. (Michel, p. 6)
Sous-genres de l'autobiographie
Les mémoires
- Le narrateur est l'auteur qui raconte davantage les évènements historiques dont il a été témoin que sa propre vie intime. (Gargallo, p. 115)
- Dans les mémoires, le narrateur est donc un homme qui a été témoin ou acteur d'événements publics, et qui retrace sa vie privée dans la mesure où elle est inextricablement liée à ces événements. Il justifie alors son entreprise par la volonté d'apporter des matériaux à l'Histoire. Le mémorialiste légitime son discours par le fait d'avoir vu des choses que seul lui peut connaître. (Oliver, p. 30)
- Mais en montrant le monde et les grands de ce monde, c'est lui aussi que le mémorialiste met en lumière. Le but du narrateur, dans les mémoires, n'est pas de se connaître, comme dans l'autobiographie, mais de se montrer ; non pas dans sa totalité, comme un autobiographe, mais dans un aspect de sa personne, qui correspond souvent à son rôle social. (Oliver, p. 31)
Le journal intime
- Comme les mémoires, le journal intime est un sous-genre de l’autobiographie et appartient au champ de la littérature personnelle. Il y a donc identité de personnes entre auteur, narrateur et protagoniste. Écrit au jour le jour, le journal recueille, selon une chronologie, les expériences récentes, les pensées, les sentiments de son auteur qui est libre de tout dire. (...) A priori non destiné à la publication, souvent détruit, le journal intime est parfois remanié par l’auteur lui-même en fonction d’une édition posthume. (Oliver, p. 40)
- Le narrateur est l'auteur qui raconte sa vie au fur et à mesure et régulièrement. (Gargallo, p. 115)
- Parler de soi peut se faire par le biais du journal intime : l'énonciateur écrit au jour le jour, en les datant, les faits qui lui surviennent, les sentiments qu'il éprouve, sans travail de recomposition ni de vue d'ensemble sur le cours de sa vie. (Michel, p. 146)
Le roman autobiographique
- Le personnage principal (qui peut être également le narrateur) a une vie très inspirée de celle de l'auteur. Celui-ci se cache derrière un personnage et inclut dans une fiction les éléments de sa propre vie. (Gargallo, p. 115)
- Un roman autobiographique rompt le pacte de vérité avec le lecteur : il s'agit d'une oeuvre de fiction inspirée de la vie de l'auteur, où une part de vérité se mêle à la fiction. (Michel, dossier pédagogique p. 64)
L'autofiction
- C'est le critique et romancier Serge Doubrovsky qui a inventé ce terme en 1977 (…). Ce néologisme d'autofiction a rencontré un large succès et peut s'appliquer à de nombreux ouvrages. (…) on peut donner le statut d'autofiction à toute une série de textes qui pratiquent le double jeu du roman et de l’autobiographie (Oliver, p. 85-86)
Aujourd'hui, peut-on dire que “roman autobiographique” et “autofiction” sont des synonymes ?
Le récit de vie
- Récit produit par deux personnes : la première raconte des épisodes de son existence à une deuxième personne qui va l’écrire. Il faut donc garder à l'esprit la différence existant entre l'histoire réelle de la personne qui se raconte et le récit qui en est fait. Les récits de vie ne sont pas des autobiographies, puisque celui qui fait le récit de sa vie ne l'écrit pas. Ce ne sont pas non plus des biographies, car l'unique source de celui qui écrit est la parole de celui qui se raconte. (Oliver, p. 112)
L'autoportrait
- Sans vouloir trancher - l'autoportrait est-il ou non “un art de l'autobiographie ?” - on ne saurait marquer une frontière trop rigide entre ces deux genres, qui divergent dans leur type d'approche mais ont le même objectif : la représentation du moi. Selon Beaujour, la formule de l'autoportrait est : “Je ne vous raconterai pas ce que j'ai fait mais je vais vous dire qui je suis.” C'est pourquoi la première page type de l'autoportrait n'est pas le récit de naissance mais le regard au miroir. (Oliver, p. 76-77)
- En littérature et dans une oeuvre autobiographique, l'autoportrait consiste à proposer une description de soi à la fois physique et psychologique. (Michel, dossier pédagogique p. 63)
- En peinture, l'autoportrait est le portrait d'un peintre, d'un dessinateur, exécuté par lui-même. (Michel, dossier pédagogique p. 63)
Le biographique sur Bibliance
De nombreuses bibliographies autour du biographique sont prévues. En jeunesse, les formats sont variés : on trouve des albums, BD et romans pour lesquels la frontière entre le documentaire et la fiction sont parfois assez floues.
Lorsque le sujet principal sera une personne ayant réellement existé, afin de ne pas multiplier les mots clés, nous en retiendrons 2 principaux :
- biographique : tout récit pour lequel l'auteur et le personnage principal n'ont rien en commun.
- autobiographique : tout récit pour lequel l'auteur et le personnage principal sont la même personne, et ce quelque soit la part de fiction.
A vous de jouer !
Envie de créer un rayon dédié au biographique ?
Lisez les articles de ce dossier sur le biographique au collège pour découvrir des conseils pour organiser et déployer un tel rayon !