Ceux du large... Qui Ananda Devi désigne-t-elle par ce titre ? La réponse nous est donnée dès les premiers vers du recueil :
« Dans des barques de feuilles mortes
Ils portent à bout de fatigue
Les enfants de leur faim »,
avant d'être assénée comme une gifle dans le dernier poème :
« Ceux que la vie éventre
De son coutelas ».
Entre ces deux poèmes, elle suit l'errance des réfugiés, de tous ces êtres qui ont fui la terre où ils vivaient pour tenter d'atteindre une autre rive. Malgré la « terreur de l'eau », malgré la mort en embuscade. Et si l'auteure s'est donné la peine d'écrire ce texte en trois langues – français, anglais, créole mauricien – c'est pour ne pas rester « Tête baissée bras ballants » devant « Le film catastrophe » qui se déroule sous nos yeux. L'éditeur que je suis s'incline devant ce chant de fraternité pour tous les réfugiés du monde.
Je suis arrivé ! Je suis arrivé !
S’écrie-t-il, la bouche pleine sable
Oubliés les jours sans eau
Les corps jetésLes lèvres fendues(...)
Il tombe à genoux et embrasse les bottes
D’un gendarme médusé
Extraits de Ceux du large, p. 12
J’ai regardé les photos
J’ai vu les regards ravagés(...)
J’ai vu des orbites vides
car trop d’espoir aveugle(...)
J’ai vu le tranchant
De la lame suspendue(...)
Tout cela, tout cela, oui, je l’ai vu Je l’ai vu Dans mon écran d’ordinateur (...)
Un verre de vin à la main
Extraits de Ceux du large, p. 19
Un recueil trilingue percutant (français, anglais, créole mauricien). Intéressant pour un travail sur les migrants.
Des poèmes à chute qui suscitent l’interrogation, des poèmes ancrés dans le réel que l’on pourra mettre en parallèle de photos et d’articles de presse.
Poèmes illustrés évoquant la concision des mots pour dire beaucoup et la valeur du silence.
Essai accessible aux enfants sur ce qu'est la poésie. Conçu comme une lettre à ceux qui n'aiment pas...